Entre 2004 et 2007, j'ai eu le privilège de suivre au lycée Jean Macé de Lanester des cours de théâtre obligatoires et facultatifs fixés dans mon programme scolaire, sous l'égide de Jean Monamy et Jean-François Cognard; avec plusieurs intervenants, parmi lesquels figurèrent principalement Armel Petitpas et Ingrid Coeitzer. Trois années inoubliables pendant lesquelles nous nous réunissions sur le plateau du théâtre des deux rivières et où, dans un noir complet, nous travaillions les uns les autres sur nos êtres et nos sensibilités.
Ingrid Coietzer ; Jean Monamy ; Armel Petitpas et Rodolphe Poulain
- intervenants théâtre du lycée Jean Macé de Lanester, en 2007
J'y ai vécu de merveilleux moments de communion théâtrale avec nos enseignants, nos intervenants et mes partenaires de promotion, sans avoir besoin d'y mettre des mots. Nous partagions, nous échangions, nous vivions ensemble, à l'abri du monde extérieur et de ses railleries ; creusant sans cesse davantage dans des textes recelant de surprises, allant chercher toujours plus au fond de nous-mêmes ce qui était à-même de nourrir notre interprétation. Cette sensation fut absolue, et m'a procuré une jouissance intellectuelle sans équivalent.
Le fait de partager la scène avec des personnes de mon âge que je côtoyais tous les jours sans qu'elle étalent leurs potentiels, et notre capacité collective à transcender nos conditions de camarades de classe une fois sur scène a été une des expériences les plus enrichissantes de ma vie. Notre désir de retranscription du monde sur le plateau éloignait nos âmes et nos corps d'un quotidien morne et répétitif. Nous partagions le plaisir du jeu, nous communiquions sur scène par des regards, des gestes, des mots qui résonnaient en chacun de nous. Nous faisions aussi office de public les uns pour les autres, et on se soutenait mutuellement par une discipline silencieuse, et des réactions sincères à nos interprétations respectives. Le désir d'impressionner ses amis était dilué dans l'harmonie constituée par le groupe. Les options théâtre obligatoire et les options art en général étaient alors accessibles uniquement aux sections littéraires; mais elles apportent tellement au baccalauréat un supplément d'âme lorsqu'elles sont enseignées par des personnes compétentes et exigeantes que je m'en ferais l'avocat si jamais elles sont menacées.
